D’où vient le désir de faire ce film ?
Ma mère est afro-américaine et mon père italien. Pour cette raison, lorsque la révolte de Rosarno, la première émeute raciale en Italie contre les migrants africains, a éclaté en 2010, je suis allé en Calabre pour mieux comprendre la situation. Au début, je voulais juste faire un court métrage sur cette émeute, mais quand j’ai rencontré Koudous Seihon (Ayiva) j’ai su que je voulais faire un long métrage qui traite des divers aspects de cette histoire.

Que représentent pour vous les deux personnages principaux ?
Ayiva et Abas sont les deux facettes d’une même personne. Ayiva est du côté adulte, le plus responsable, mais aussi le plus perturbé. Abas est plus capable de vivre et de jouir du moment sans penser aux conséquences. Les deux s’affrontent souvent mais l’un sans l’autre ne peuvent s’en sortir. Ils représentent deux voies complémentaires pour affronter la vie dans un nouveau pays.

Votre film se concentre sur l’accueil des migrants en Italie.
C’est ce qui m’intéressait le plus. Nous connaissons ces voyages, la traversée et les centaines d’Africains qui arrivent chaque année sur des bateaux, mais nous ne savons guère ce qui arrive après. C’était le point central pour moi. Je voulais aussi montrer l’ambiguïté de la compassion, qui tourne souvent à la condescendance, peut-être par le manque de connaissance de l’autre. Le migrant n’est pas un outsider, un autre craint ou célébré suivant l’allégeance idéologique mais un composant de plus en plus essentiel du monde global. C’est pourquoi le titre Mediterranea est au pluriel. Un lieu de rencontres, de conflits, et plus important, un lieu qui ne peut être défini par des frontières.