Puisque le cinéaste le précise lui même, autant le dire d’entrée de jeu : Michel Leclerc s’identifie en fait plutôt à lui, son jospiniste héros, le prudent mais intègre Arthur Martin. Alors que sa scénariste, Baya Kasmi s’identifie plutôt à elle, une jeune femme idéaliste, libre, fougueuse, et désireuse de changer le monde au plus vite. Elle et lui, donc, le plus vieux sujet du monde qui renvoie au classique éponyme de Léo Mc Carey. Mais Leclerc se reconnaît apparemment davantage en Woody Allen, avouant au passage que son rêve est de reproduire tous les grands succès du new yorkais, les uns après les autres, jusqu’au risque d’un procès pour plagiat qui lui permettrait de rencontrer enfin son héros. Une comédie donc, une comédie qui parle même, selon la définition de son auteur. Une comédie d’une tradition également toute italienne, sur un homme pudique qui rencontre une tornade, décrite par son créateur comme scandaleuse et innocente. En réalisant LE NOM DES GENS, Michel Leclerc fait plus qu’ajouter une belle pierre à une grande et noble tradition, il livre un film qui est aussi un regard léger mais lucide sur l’engagement et la politique, de la part d’un cinéaste qui admet la complexité intrinsèque du monde moderne mais refuse le tous pourris et les amalgames gauche/droite actuels. Un cri de résistance, puisque comme le dit son cinéaste, et l’on reconnaît bien là son indomptable héroïne : s’engager, c’est risquer de se tromper, mais ne jamais s’engager, c’est se tromper forcément ! L’une des leçons essentielles de cette comédie qui est aussi, par ailleurs, profondément romantique.