C’est un film qui prend sans cesse le contre-pied des idées reçues. Dans cette histoire de deux gamins dealant pour tenter de s’extirper du déterminisme social dans lequel leur condition d’enfants d’immigrés les claquemure, il y avait là tous les ingrédients d’un drame sombre. Mais Mathieu Vadepied choisit d’aller vers la luminosité de l’humour. Tout en évitant les facilités d’usage. La Vie en grand n’est pas une comédie de gags, de bons mots ou de situation. Et si elle s’ancre dans une réalité forte jamais édulcorée, c’est pour mieux en réfuter les clichés réducteurs et défaitistes. Grâce à son acuité, son regard décalé et une ironie toujours juste, elle déroute et séduit, balayant tout angélisme d’un salutaire éclat de rire et faisant fi du consensuel politiquement correct. Polygamie, échec scolaire, trafic de drogue… elle empoigne tous les sujets sans crainte à la manière de ses deux héros : avec insolence et impertinence.
« Au scénario, il a fallu trouver un équilibre, et ce ne fut pas toujours facile, entre une âpreté qui ne soit pas édulcorée, et une partie ‘fable’ où l’on s’autorise à la fois l’audace et la fantaisie. Tout en essayant de se placer à la hauteur des enfants et raconter cette histoire à travers leur regard et leur manière d’appréhender les événements. Du coup, au tournage, il y a eu cette idée d’être dans une démarche de documentaire. Par exemple, toutes les scènes avec les deux héros étaient tournées à deux caméras et quasiment sans lumière. J’avais envie de rechercher l’inconnu et l’inattendu. Saisir quelque chose de ce moment de l’adolescence où tout arrive avec une force et une énergie qui sont parfois difficiles à maîtriser. »