« J’ai voulu raconter la guerre telle que ma famille me l’avait raconté. Le personnage d’Alice est très inspiré de ma grand-mère. Elle est suisse, mais elle est partie s’installer au Liban dans les années 1955. Ce personnage, un peu lunaire et observateur, est une porte d’entrée dans la narration. En fait, elle s’est sentie renaitre à son arrivée au Liban. Son expérience soulevait plus de questions que si elle avait été libanaise. C’est compliqué de parler de l’attachement à un pays parce que ce n’est pas rationnel. On a du mal à comprendre pourquoi on tombe amoureux d’un pays qui n’est pas le nôtre.
Au début, je voulais réaliser un film naturaliste et grave. Au bout d’un moment, je me suis rendue compte que ce n’était pas ma façon de parler et de faire des films. J’avais besoin que la base émotionnelle du récit soit réelle. Quand mon coscénariste, Yacine Badday, et moi avions des doutes sur les réactions des personnages, j’allais voir ma grand-mère pour lui poser des questions sur ce qu’ils ont vécu.
J’avais décidé qu’on utiliserait l’animation que quand c’était vraiment nécessaire. Il ne fallait pas que cette technique soit utilisée de manière systématique : à chaque fois qu’elle pense, quand elle rêve… Il fallait que l’animation fasse vraiment partie du récit. Je trouve que je me rapprochais plus de la vie de cette manière que si j’avais réalisé un documentaire conventionnel. »