« L’idée du film est venue d’une souffrance personnelle. Au moment de l’écriture du scénario, ma mère était décédée et mon père était un fantôme. Et étant donné mon incapacité à me construire des souvenirs, ils me semblaient perdus à jamais. C’est ainsi qu’est né le besoin de faire un film qui me permettrait de retrouver les deux personnes les plus importantes de ma vie, en utilisant le langage filmique. Cela m’a conduit à créer un microcosme constitué d’une petite maison et d’un arbre, où je pouvais en quelque sorte retrouver ceux que j’aimais tant.
Je suis originaire de la région colombienne Valle del Cauca dont l’économie repose essentiellement sur l’industrie du sucre. Mon intention dès le départ était de parler de personnes meurtries par une idée paradoxale du progrès, qui a généré de nombreux problèmes sociaux, invisibles aux yeux de l’histoire.
Étant donné que le récit se concentre sur le conflit familial, le plus important était de faire passer la distance physique et émotionnelle entre les personnages. J’avais besoin d’un stratagème pour qu’ils partagent les mêmes lieux et le même rythme, malgré le manque de communication entre eux. L’inconfort entraînerait alors la révélation progressive de ces passions et de ces émotions, chacun étant forcé de se confronter aux autres et au lieu qu’ils partagent.
C’est pourquoi l’utilisation des plans-séquences était incontournable. Ils permettaient de rendre l’enfermement physique et émotionnel des personnages plus palpable et de les inciter à agir. Nous souhaitions des images qui donneraient le sens du temps qui passe, afin de donner au spectateur l’opportunité de ressentir ce qu’il voit, sans s’en tenir uniquement à ce qui est visible. »