« Fort des leçons tirées de mon premier film (Le Talent de mes amis), je cherchais une autre manière de faire avec l’idée de me contraindre financièrement. J’ai remarqué avec les années que lorsque je m’attelle à un travail de portraitiste, que ce soit sur scène ou dans mes sketches de Catherine et Liliane, cela touche les gens. Et puis je voulais travailler la question du temps, qui m’obsède. Qu’est-ce qu’avoir la carte ou ne pas l’avoir ? Qui est le ringard de qui ? Qu’est-ce que réussir sa vie ?

Guy peut "regarder derrière l’épaule", comme disait Françoise Sagan. Il n’est pas construit sur une référence, il est un puzzle de possibles dans l’univers du divertissement. Comme un grand écart entre Joe Dassin, Enrico Macias, Herbert Leonard, Francis Cabrel, etc. Le personnage est né de plusieurs gestes : l’obsession des cheveux, la bouche entrouverte dont il arrange les commissures avec le pouce et l’index, l’acuité du regard, le temps de la mise au point sonore et visuelle. Un mélange de panache et de lenteur.

On peut appeler Guy un mockufiction, un mockumentaire, ce qu’on veut. Le film a une facture particulière mais si on regarde bien, c’est un roman : tout est inventé. Et moi, je fais ce métier pour inventer. Sauf qu’on est dans une drôle de période où tout inédit est "inspiré de", "en hommage à". La chanson Dadidou, en même temps belle et ringarde, bouleversante et riante, joyeuse et triste, résume bien le film : on en ricane un peu puis, tout à coup, on se prend un scud dans la figure parce qu’elle raconte l’histoire d’amour de sa vie, la plus réussie et la plus loupée aussi. »