COPACABANA, comme son titre ne l’indique pas, s’ancre entre les briques de Tourcoing et les plages d’Ostende. C’est là que Babou (Isabelle Huppert, de presque tous les plans) s’éclate sur des musiques brésiliennes, porte le sari ou s’initie aux techniques de vente pour fourguer des appartements mal conçus aux touristes. Des fois, t’as l’air, euh…folle, lui assène sa fille Esméralda (Lolita Chammah), qui, par réaction, a choisi la voie de la raison. Folle, non. Mais libre, désinvolte et généreuse jusqu’à la précarité ou l’inconséquence, ça oui.
Je me garderais bien de l’ériger en modèle, analyse le réalisateur Marc Fitoussi, car son inconscience se prête mal à la délivrance d’une quelconque morale. Personnage à la marge soudain propulsé dans un univers soi-disant ‘’normal’’, Babou résiste aux impératifs d’efficacité sociale. Mais COPACABANA dénonce également un milieu professionnel qui instrumentalise des gens sur le carreau pour en faire les ventriloques d’un discours promotionnel mensonger. Victimes aujourd’hui avec la peur au ventre, ils seront tout aussi bien bourreaux demain. Le cinéaste retrouve un thème exploré dans Bonbon au poivre, un de ses courts métrages (2005), et procède par le biais de la comédie, abordée avec son premier film choral, La vie d’artiste (2006). Ici, elle marche en crabe et cède parfois le pas à la mélancolie : yeux rougis d’Huppert rejetée par sa fille, visage ravagé de l’actrice après un licenciement. Mais Babou, c’est sa grande force, ne perd jamais sa fantaisie. COPACABANA rend hommage à tous ces adultes qui font de leur vie un terrain de jeu où la méfiance et la rancune n’ont pas leur place, résume Fitoussi.