Les Deux Amis s’inscrit dans la continuité de votre précédent court métrage La Règle de trois (2011) dans lequel on retrouvait le même trio d’interprètes.
C’est ma productrice qui m’a suggéré d’écrire un truc léger à partir de cette matière. L’idée était de creuser le rapport amical entre les deux personnages masculins. On retrouve des schémas communs entre l’amitié et le sentiment amoureux, la sexualité en moins bien sûr ! Il y  a de la fusion, de l’envie, de la jalousie... J’avais en tête la pièce d’Alfred de Musset : Les Caprices de Marianne que j’avais joué plus jeune. Je voulais surtout faire un Claude Sautet du pauvre, façon série B ! Chez Sautet les personnages sont très intégrés dans la société, les miens, au contraire, sont désaxés. Ils ne s’accrochent qu’au sentiment pour faire partie du monde. »

Le film se déroule dans un Paris nocturne, presque irréel. L’idée était d’échapper aux clichés liés à cette ville ?
« L’architecture parisienne est tellement bonne qu’elle peut prendre le pas sur l’histoire. Étant parisien moi-même, je ne suis pas dans la célébration, je cherchais au contraire des endroits bizarres peu identifiables. Esthétiquement, je voulais un Paris nocturne, celui que l’on voit dans les films des années 1980 comme dans Rendez-vous de Téchiné par exemple. C’est un film où le sentiment est toujours fiévreux…  J’adore ça ! »

Jouer dans votre film était-il évident ?
« Prendre un acteur qui a lui-même écrit le film, c’est  choisir un comédien qui a répété pendant trois ans. C’est un avantage même s’il y a la menace d’être constamment dans le contrôle. En revanche, ce n’est pas un cadeau à faire aux autres acteurs. Vincent me disait souvent : « Ne me regarde pas jouer, joue ! »