Après Woman at War de Benedikt Erlingsson, film présenté l'an dernier à la Semaine de la Critique, le cinéma islandais prouve sa vitalité en revenant en compétition cette année avec A White, White Day, second long métrage d'Hlynur Pálmason, déjà auteur du rugueux Winter Brothers (2017). Le titre de son nouveau film est inspiré d'un dicton islandais qui dit que lorsque le blanc du ciel et celui des paysages enneigés se confondent, la barrière entre les cieux et la terre tombe et les morts peuvent communiquer avec les vivants : « Ce proverbe me plait sans-doute parce qu'il renvoie à un mystère et une ambiguïté qui stimulent mon imagination sur la question de l'absence et du rapport avec les défunts ». Car c'est bien la question de la difficulté du deuil que pose le film.

Mais l'origine du projet est tout autre, comme nous le révèle le réalisateur de 34 ans : « En finissant mon premier film, je me souviens avoir vu une image de Buster Keaton lisant un livre sur comment devenir un détective. Cela m'a donné envie de débuter l'écriture d'un récit d'enquête, mais où l'on finit par progressivement se désintéresser de sa résolution pour plutôt se focaliser sur les émotions humaines, et plus particulièrement sur les deux sortes d'amour ; l'amour que l'on a pour ses enfants ou petit-enfants, qui est simple, pur et inconditionnel, et l'autre amour, celui qu'on a pour son partenaire, son amant ou sa femme. C'est quelques chose de complètement diffèrent, plus complexe, intime, animal et unique.

Mon film est une histoire d'amour et de haine également. Il parle d'un homme solitaire, qui se sent abandonné et livré aux sentiments de chagrin, de doute et de colère. » Cette quête sentimentale est portée par une mise en scène glacée, impressionnante de maîtrise et d'inventivité et par une dimension picturale et sensorielle propre à Hlynur Pálmason, plasticien de formation. »