« J'ai toujours traité, dans mes films, des relations familiales et des conflits qui se jouent dans la sphère intime. Je voulais faire un film réaliste sur mon pays et exprimer ce que je ressens aujourd'hui par rapport à lui  : un mélange d'attraction et de rejet. J'ai grandi à Caracas et à un moment donné, la ville est devenue très dangereuse, glauque et coupée du monde. On s'y entre-tuait et c'est alors que nous avons commencé à nous cloîtrer chez nous. La violence contaminait tout et nous, citoyens, sommes devenus violents. Elle se rapprochait à chaque fois plus près de nous et emportait nos proches. Elle s'est banalisée et nous nous sommes, d'une certaine manière, habitués à elle. Les adultes et les enfants ont commencé à entretenir des relations difficiles. L'économie et la politique traversaient une crise toujours plus profonde et l'existence se résumait à une survie quotidienne, particulièrement pour les classes populaires. Dans cette logique de survie, les enfants étaient livrés à eux-mêmes, en l'absence des parents, et trouvaient dans la rue ce qui leur manquait chez eux. Ils se sont adonnés à la violence et comme personne n'était là pour les en empêcher et qu'ils étaient très jeunes, beaucoup d'entre eux sont devenus cruels. Ils commettaient des meurtres, parfois pour l'argent, parfois pour le plaisir. Mais s'il restait une chance de sauver l'un d'entre eux ? Mon film s'emploie à montrer comment deux êtres laissent la violence derrière eux et réapprennent, dans ce nouveau contexte, à se connaître. Peut-être vont-ils comprendre qu'ils n'ont que l'un et l'autre. Peut-être serait-ce alors un début ? »