Comment avez-vous rencontré, Kabwita, le "héros" de votre film et l'avez-vous convaincu de se laisser filmer ? 
Je connaissais cette région de la République Démocratique du Congo car j'y avais tourné deux documentaires en tant que chef opérateur. C'est à cette occasion que j'ai remarqué ces gens qui poussent d'immenses chargement de charbon le long des routes. J'ai eu l'idée du film avant même de rencontrer Kabwita : suivre un villageois, fabricant et vendeur de charbon de bois, depuis la coupe de l'arbre jusqu'au moment où il vend son produit en ville. Le regard de Kabwita m'a tout de suite touché. Je sentais sa timidité, mais aussi sa curiosité pour ce projet.

La présence de la caméra n'est jamais occultée, au contraire, vous n'hésitez pas à proposer plusieurs axes, à user du montage... Comment avez-vous envisagé la mise en scène ?
Dès l'écriture, j'avais l'idée d'une trame fictionnelle, même si je ne savais pas ce qui allait se passer, ni quels seraient précisément les enjeux. Je voulais que l’on ressente physiquement ce que vit Kabwita. Cela demandait d’être très proche de lui. Je ne voulais pas d'un film réaliste, mais lyrique. Copier le réel, ou du moins ce que l’on imagine être le réel, ne m’intéresse pas, ça passe souvent par une atténuation de l'expressivité.

La trajectoire du héros tient presque du chemin de croix, votre film n'est pourtant pas religieux… 
… Ce parcours illustre la condition de l'homme seul, dans un univers spirituel, matériel et économique, réduit à l'essentiel. Kabwita lutte concrètement pour sa vie et celle des siens, il n'attend pas du ciel une solution miracle. Il n’a pas d'autre choix que d'agir, c'est sa condition humaine.