« L’idée du film est issue d’un travail universitaire pour lequel on devait écrire sur une personne que l’on connaissait. J’ai choisi la personne de mon entourage qui était la moins encline à inspirer l’héroïne d’un film. Elle semblait cacher ses sentiments réels la plupart du temps et je voulais imaginer ce qui pourrait la déterminer à être sincère dans ses propos. Ensuite, j’ai voulu lui donner un alter ego. C’est l’origine de Lucy. Elle est aussi nourrie de mon expérience personnelle, celle d’un échange universitaire aux États-Unis, quand à 17 ans je recherchais ma propre Lucy…

Comme tous mes films précédents sont des drames, je voulais au début me forcer à faire une comédie franche. Mais l’histoire elle-même me ramenait au drame. J’en déduit que cela vient de ma nature profonde. Je crois d’ailleurs que dans la vie en général rien n’est jamais tranché. Je suis capable de rire littéralement à un enterrement. En ce qui concerne le ton adopté, l’histoire a pris ainsi tout son sens à mes yeux et m’a semblé sincère.

Au Japon, les gens portent souvent des masques en société afin de vivre en harmonie dans un milieu insulaire restreint. On a aussi besoin d’espace parfois pour que les masques tombent et que l’équilibre vital se rétablisse. Aux États-Unis, j’ai senti qu’au contraire, l’on était poussé à se révéler et à exprimer constamment ses besoins et ses sentiments. Je voulais jouer avec ce contraste.

Terajima-san est formidable. Elle a le jeu dans le sang, elle donne l’impression de le faire aisément et sans effort. Elle vient d’une longue lignée d’acteurs du théâtre Kabuki. Je crois que c’est dans ses gènes. »