Il y a quelques temps, alors que le cinéaste Benedikt Erlingsson assistait à un atelier, au cours d’un festival, sans doute pour préparer son second long métrage après Des Chevaux et des hommes, débarquèrent plusieurs participants d’un autre monde, celui de la Banque Mondiale. « Cette interruption a un peu gâché la fête avec les autres réalisateurs. Alors, pour reprendre où nous en étions, nous leur avons promis de nous éduquer sur le changement climatique. Lorsque je suis rentré, je me devais de tenir ma promesse, et de là cette idée a commencé à germer dans ma tête ».

Et voilà ! D’un choc avec le réel, puis d’une rencontre avec la productrice Marianne Slot, est donc né un long métrage, sur une femme qui rentre en guerre, au risque de tout perdre, avec l’appareil étatique et industriel derrière le changement climatique. Un combat qui se mêle bien entendu avec celui du cinéaste : « J’avais insisté pour prendre en plus le rôle de producteur. Au cours du tournage, j’ai donc dû faire face, souvent, à mes faiblesses et imperfections ». Exactement comme son héroïne, courageuse mais aussi débordée par l’ampleur désespérée de son combat
donquichottesque, dans une œuvre au croisement virtuose de tous les genres, de la comédie au film de guerre pur. Le tout pour déboucher sur une fin énigmatique et apocalyptique, expliquée ainsi par le réalisateur : « cette fin parle pour elle-même, mais je peux également dire qu’elle est en référence à la chanson de Bob Dylan, The Times they are a-changing. »

Un film de transition, donc, sur une femme et notre monde, tout à la fois.