À propos de Le Syndrome des Amours Passées

par Damien Leblanc

Couple en apparence sans histoires, Rémy et Sandra n’arrivent pas à avoir d’enfant et découvrent avec stupéfaction qu’un syndrome insolite les touche. Pour débloquer la situation, chacun doit alors recoucher avec l’intégralité de ses ex... Le duo belge Ann Sirot et Raphaël Balboni réenchante la comédie romantique avec ce conte contemporain, aussi tendre et poignant qu’irrésistiblement drôle, qui déplace les codes et normes de l’hétérosexualité pour réinventer l’amour.

Entretien avec Ann Sirot et Raphaël Balboni

« Le personnage de Rémi a besoin de faire la paix par rapport au complexe qu’il cultive vis-à-vis de son propre historique sexuel. L’injonction virile demande aux hommes d’avoir un certain type de sexualité qui ne correspond pas à celle de ce Rémi. Sandra, de la même façon, a un type de sexualité qui n’est pas forcément celui qu’on attend et elle doit également accepter à sa façon le lâcher-prise. On essaie d’inverser les injonctions genrées et on aime déplacer certaines situations habituelles pour que ces petites inversions créent pour le public des endroits d’identification. 

Comme le film cherche à questionner l’hétéronormativité et à réfléchir à la façon dont le couple et la famille se vivent le plus généralement, on a décidé de prendre deux piliers de l’hétéronormativité : l’injonction à se reproduire et l’exclusivité sexuelle. Puis on a mis les personnages dans une situation où ils ne peuvent pas avoir les deux. On s’est dit que cela créerait une sorte d’expérience où ce couple est incapable de pouvoir répondre à tous les codes de cette hétéronormatvité. S’ils veulent un enfant, ils doivent renoncer à l’exclusivité. Et s’ils veulent l’exclusivité, il faut renoncer à avoir un enfant. C’était comme un jeu intellectuel. 

On avait un équilibre à trouver entre le drame et des moments plus burlesques. On voulait aborder le sujet de manière assez profonde et les trajectoires des personnages passaient parfois par des moments douloureux. On a rencontré et impliqué les comédiens, Lucie Debay et Lazare Gousseau, très tôt afin de construire ensemble la tonalité par petites touches. Dans notre précédent film Une vie démente, il y avait une affaire de vie et de mort alors qu’on est ici dans une comédie romantique. On n’est pas au même degré de gravité mais on redoute quand même pour ces personnages un chagrin amoureux qui pourrait les terrasser. 

Pour les scènes de sexe, on s’est dit qu’il fallait transmettre une sensation de volupté et de plaisir. On s’est beaucoup amusé avec notre chorégraphe et nos équipes costumes, déco et lumières : on avait un petit groupe de travail qui réfléchissait aux différentes façons de faire l’amour et aux diverses ambiances qui peuvent exister dans ces moments-là. »