À propos de Julie zwijgt

par Frédéric Mercier

Évoluant dans un club prestigieux, Julie est tout entière dévolue au tennis, son sport, son entraînement, sa carrière. Quand son entraîneur est suspendu, des rumeurs commencent à circuler et d’autres langues que celles de Julie se délient. Concentrée sur ses objectifs sportifs, Julie choisit de garder le silence et le réalisateur belge qui la filme, Leonardo van Dijl, l’accompagne pas à pas dans son effort, balles après balles, respectant sa décision en gardant toujours le bon axe, la bonne distance, c’est-à-dire la plus précise mais surtout la plus juste.  

Entretien avec Leonardo Van Dijl

“Je voulais que Julie nous inspire. Il y a une énergie de rébellion, d’émancipation unique dans sa décision de se taire, qui force le film à respecter son rythme et à ne pas se plier aux injonctions extérieures. Ceci dit, le film ne pose pas le silence comme une solution. Le silence nous mine petit à petit. Mais il peut être tout aussi dangereux de parler. Dans mon histoire, j’explore ce dilemme. Dans un monde où tout le monde la pousse à parler, Julie choisit le silence. En faisant cela, elle exige que le monde écoute ce qui n’est pas dit. Tout comme Antigone, Julie ose dire: “Non”.

Je voulais raconter une histoire qui offre à Julie un moyen d’avancer, qui lui permette de reprendre contact avec le monde extérieur. L’axe central du film est de faire sortir Julie de ce labyrinthe et de son isolement, de saisir la progression qui l’amène à reprendre possession de sa capacité d’agir. Certains silences sont doux, d’autres sont bruyants. Parfois violent, parfois libérateur. Plonger dans le silence de Julie a été un voyage incroyable. Elle m’a donné des réponses et m’a posé des questions. Elle m’a guidé de manière très inattendue, elle m’a aidé à me comprendre moi-même et à comprendre le monde dans lequel on vit. En réalisant ce film, je me suis rendu compte que, d’une manière ou d’une autre, nous sommes tous Julie, nous gardons tous une part de silence.”