À propos de Ice Merchants

par Marie-Pauline Mollaret

Une maison à flanc de montage. Une balançoire au-dessus du vide. Un père et son fils enlacés dans une chute sans fin. A travers des images fortes et un univers esthétique qui évoque les estampes japonaises de l’époque d’Edo, João Gonzalez donne vie à un récit intimiste plein de douceur et de sérénité qui s’inscrit dans une réflexion plus globale sur les liens entre l’Homme et la nature. Sa mise en scène épique et vertigineuse rappelle les risques concrets du réchauffement climatique, mais laisse aussi entrevoir la possibilité d’une réconciliation enfin apaisée.

Entretien avec João Gonzalez

«Comme mes deux autres films à date [Nestor, The Voyager], Ice Merchants est né d’une image/scénario qui m’est venu et ne m’a plus lâché. La plupart des images me viennent quand je rêve ou quand je m’apprête à m’endormir, même si elles me viennent parfois en journée. Alors, je passe pas mal de temps à rêvasser et explorer cette réalité par des dessins et des écrits jusqu’à ce que je sente que j’ai trouvé quelque chose qui résonne avec qui je suis. C’est ma seule façon de faire du repérage puisque mes lieux n’existent pas dans la vraie vie. Et c’est à ce moment-là que les idées pour l’histoire du film commencent à émerger et, bien entendu, elles touchent à des sujets qui me sont personnels et chers. Mes deux premiers films portaient davantage sur des questions psychologiques qui font partie de ma personnalité, je me suis projeté sur les protagonistes du récit. Ice Merchants traite (à mon avis) davantage d’une histoire humaine, de relations familiales, des simples rituels quotidiens, qui sont étudiés de manière métaphorique comme fondement des relations humaines sur le long terme. Mes trois films, au final, parlent de solitude, et d’un certain type de conflit entre les protagonistes et la réalité dans laquelle ils existent, ce qui est logique puisque, dès le début, je traite ces réalités comme des personnages agissants. 

 Visuellement, dans mes films j’ai toujours tendance à inclure mon goût pour les ombres fortes, les angles de caméras extrêmes et une palette de couleurs réduite. Je travaille aussi la composition et la création sonore de manière continue, je commence dès le début de la production du film, en même temps que l’animation (et parfois même avant). »

À la Semaine de la Critique