À propos de Hideous

par Ava Cahen

Dans ce film romantique, queer et musical, Yann Gonzalez met en scène le chanteur Oliver Sim face à ses inspirations et ses démons. Vibrant hommage au cinéma bis, à la VHS et aux vidéoclips des années 70 et 80 conçus comme des courts métrages, Hideous libère la nostalgie, les rêves et les monstres sur pellicule. Du gore, des boules à facettes, un plateau de télé imaginaire et des guest stars de choc, à l’instar de la drag queen Bimini Bon Boulash et du chanteur Jimmy Somerville.

Entretien avec Yann Gonzalez

« Lorsqu’Oliver Sim m’a proposé de mettre sa musique en images, j’ai senti chez lui une sorte de gourmandise transgressive et adolescente dans laquelle je me suis immédiatement reconnu. Prendre à bras le corps les sujets très intimes et les émotions intenses de ses chansons tout en les barbouillant de gore, d’excentricité, de saillies queer, mais aussi d’un maximum de naïveté et d’idiotie : tel était notre programme commun. Oliver rêvait d’un monstre comme protagoniste ; un monstre grotesque et tragique, aussi fragile que flamboyant, autour duquel il fallait désormais créer un écrin à la fois étrange et familier, celui d’un plateau télé filmé comme une scène de théâtre s’ouvrant sur le fantastique ou les brumes du souvenir. Bien épaulés par notre génial et aventureux chef-op québécois Vincent Biron, Oliver et moi nous sommes là encore retrouvés dans notre goût pour le collage, Hideous passant sans crier gare du N/B à la couleur, du 35mm à la vidéo vintage, de l’horreur camp à une histoire d’amour impossible. Un collage où primait le plaisir et la liberté de convoquer nos références mutuelles – de Carrie à Scooby-doo – mais aussi nos invités respectifs côté casting : la découverte du virtuose Fehinti Balogun, la présence amicale de Kate Moran, l’apparition sexy de César Vicente (repéré dans Douleur et gloire de Pedro Almodovar) et des guest de luxe. C’est dans cette collision de mondes, de visages, de culture pop et surtout d’amour qu’Hideous a tissé son sens et sa sensibilité. »

À la Semaine de la Critique

Hideous

2022

Court métrage

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