Si RUBBER est seulement le second film de Quentin Dupieux, ce dernier a bâti déjà depuis dix ans un univers très très personnel via sa carrière de musicien électro (alias Mr Oizo) et de réalisateur de clips ou pubs. Un trait à dégager? Faire le vide dans ce qu’il filme, le combler par un élément qui n’est pas à sa place, comme la mauvaise pièce d’un puzzle déjà chiche. Le héros de la vidéo de son tube Flat Beat, ce n’est pas lui mais une peluche jaune. Son premier long Steak aspire tout ce qu’on pouvait attendre du duo comique Eric & Ramzy ou d’une comédie de lycée. Pourquoi? J'ai la naïveté de croire qu'il existe encore une place pour les films inconscients et hors-format, affirme Dupieux. Les films trop cadrés et conçus comme des machines à émotions m'ennuient. J'aime l'idée de pouvoir faire un film sur un pneu vivant, sans construction narrative standard et sans enjeu dramatique. C'est possible! RUBBER est donc une histoire de peu (le budget était limité : j’ai conçu le script en fonction des moyens disponibles et j’aime beaucoup fonctionner dans ce sens) et de pneu serial killer qui renvoie à sa jeunesse : Vers l'âge de 12 ans, la caméra vidéo de mon père m'a donné envie de filmer. J'ai ensuite découvert les films d'horreur de vidéo club et j'ai instinctivement eu le besoin d'en reproduire des fragments à la maison. Et pourquoi un pneu? Il m'est impossible de répondre aux questions commençant par 'pourquoi'. Le monologue d'introduction de mon film contient exactement 8 pourquoi. La vie est pleine de mystères... pourquoi ne voit-on pas l'air autour de nous ? Pourquoi un pneu ? C'est la même question.