Alors que Les Méduses (Semaine de la Critique 2007 et Caméra d'or) se laissait flotter poétiquement entre deux eaux, Self Made se plante des deux côtés d'un check point stylisé, entre Israël et Palestine. Après ce premier film co-réalisé en 2007 avec Etgar Keret, Shira Geffen s'est lancée seule dans la réalisation de ce nouveau film au réalisme magique. « Etgar et moi avons collaboré sur de nombreux projets », explique-t-elle. « Mais nous avons toujours eu des projets "solo" aussi, dont nous tirons profit pour nos projets communs »." Les travaux "solo" de Shira Geffen étant l'écriture de livres pour enfants et de mises en scène théâtrales.

Des Méduses à Self Made, on reconnaîtra une même forme stylistique qu'elle définit comme « influencée par l'écriture poétique, et bien sûr par celle des contes. Ici, l'idée du film a d'abord émergé sous forme de pièce de théâtre. Les éléments théâtraux et fantastiques ont été portés de la scène à l'écran, et intensifiés, grâce au merveilleux travail de mes collaborateurs. » Le film met en scène deux jeunes femmes, une Israélienne et une Palestinienne qui se croisent au milieu d'un check point. L'artiste branchée de Tel Aviv croise l'ouvrière palestinienne, et elles échangent leur vie, là. « L'échange entre elles est d'abord un processus psychologique. Bien sûr, il acquiert une dimension politique. Le film parle de l'identité, un sujet universel qui, en Israël, prend de multiples significations. C'est important pour moi d'exprimer, à ma manière, mes pensées et sentiments sur le lieu où je vis, aussi longtemps que j'aurai choisi d'y vivre. » Le titre du film, Self Made, se réfère peut-être ironiquement au slogan de l'entreprise de meubles "à monter soi-même" qui est l'une des protagonistes du film, mais surtout « au processus de construction de soi-même qui est celui des deux héroïnes ».