En 2016, Laura Samani filmait déjà, dans son court-métrage La Santa che dorme, la foi. Dans un même écrin pictural, la cinéaste présente son premier long-métrage, Piccolo Corpo, un film où son héroïne Agata, fait son propre chemin de croix pour sauver l’âme de son enfant mort-né.

« J’avais envie d’explorer la croyance qu’elle soit religieuse ou non, même si en l’occurrence ici, de par son contexte, elle l’est. Il y a encore quelques années, dans la religion catholique, on pensait que si un enfant mourrait à sa naissance, son âme resterait en errance dans les limbes. C’est une violence que ne supporte pas Agata. Alors même qu’elle vit dans une époque où la religion n’est pas questionnée, elle décide de contourner les « lois » pour sauver l’âme de son enfant. Elle porte ce corps mort dans cette boîte. C’est déjà un interdit, un blasphème, qui en plus procure de l’inconfort. Elle le porte sur son dos, alors même que pendant sa grossesse, elle portait le corps de cet enfant devant elle, dans son ventre. C’était un symbole qui me tenait à cœur. Agata n’est ni une héroïne, ni une Antigone. Elle fait ce choix pour son enfant mais avant tout pour elle-même parce qu’elle est convaincue que ce qu’elle fait est bon. Elle met tout en œuvre, quitte à voyager seule, alors même que c’était interdit pour une femme, pour se rendre à cet endroit mystérieux. Même si, théoriquement on ne comprend pas tous ses choix, parce que j’ai vraiment voulu un personnage nuancé, on ressent les émotions qu’elle peut avoir. C'est ce langage universel là que je voulais explorer. »