Le point de départ, c’était il y a cinq ans, à Marseille, un fait divers sur un petit proxénète. Un adolescent de 16 ans, en fugue, est arrêté dans un hôtel de passe du centre-ville où il vit avec deux filles prostituées de son âge. Pendant plusieurs mois, ils vivent de l’argent de la prostitution. On l’accuse de proxénétisme. Eux, ils vivent une histoire d’amour.

Pour écrire ce film, je suis revenu habiter dans la ville où j’ai grandi, Marseille. Je connaissais certains comédiens du film, avant le casting et le tournage et ils ont inspiré l’écriture du scénario. Très vite, le choix de comédiens non-professionnels s’est imposé. Ils avaient instinctivement le langage, les gestes des personnages. Leur visage racontait une histoire. Dylan Robert, le comédien principal, est très proche du personnage de Zachary. Avec les autres acteurs, j’ai recherché cette coïncidence entre le réel et le scénario. Un autre acteur, incarcéré depuis quatre ans, sortait de prison tous les jours pour interpréter un des personnages principaux.

Shéhérazade mêle des codes du documentaire, du thriller, du film noir et de l’histoire d’amour. Si, avec Catherine Paillé, nous avons construit le récit selon une logique de personnage très précise, je voulais raconter une histoire de notre époque, ancrée dans le réel, à la manière du néo-réalisme italien. Les intrigues et les scènes mafieuses, je les ai écrites en me documentant, puis je les ai réécrites sur le tournage avec certains acteurs qui connaissaient mieux les situations que je décrivais.

Je tenais à insuffler une dimension romanesque à cette histoire d’amour, construire un grand récit. Que Zachary et Shéraz « se crament » pour une histoire de cœur, qu’ils touchent au sublime. J’ai beaucoup pensé à Pasolini et à Elia Kazan lors de l’écriture, afin que cette histoire d’amour sur la brèche, au jour le jour, soit une éducation sentimentale contemporaine.