À propos de Walking with Her into the Night

par Léo Ortuno

Un homme et une femme marchent dans des rues désertesnt, comme une lointaine réminiscence d’un temps confiné, et s’enfoncent dans la nuit au rythme d’un flot de paroles incessant. Hui SHU revisite le récit de fin du monde qu’il observe à travers un prisme intime, sans pour autant oublier d’offrir des morceaux de bravoure hallucinants. De la déclaration intime à la confidence pas toujours aimable, un couple se forme tandis que la Terre s’écroule.

Entretien avec Hui SHU 

Le couple

“Lui est ouvrier, il a une piètre estime de lui mais un vrai cœur d’artichaut, elle est extravertie, elle aime sortir, et parfois manipulatrice ; les deux sont sympas et quelque peu immatures. Issus de la classe ouvrière, ils pourraient facilement passer inaperçus. Ils ont leur propre éthique de survie, leurs cercles relationnels et ils doivent faire face à de nombreuses difficultés matérielles. S’ils souhaitent ardemment vivre une meilleure vie, ils ne peuvent pas se le permettre. Ils aimeraient tellement aimer mais la réalité les décourage. J’aime ce type de personnages car ils sont animés, réalistes et intéressants.” 

Une discussion ordinaire 

“La première chose qui m’est venue à l’esprit, ça a été l’histoire d’un couple - Monsieur et Madame Tout-le-monde - qui marchent dans une rue déserte tard la nuit, et ils discutent de choses un peu enfantines, triviales. Mais comme cette discussion se passe la nuit de la fin du monde, cette situation - qui paraissait au premier abord parfaitement ordinaire - prend une toute autre dimension. Ceci permet non seulement de jouer avec les attentes du public et de proposer une expérience inédite, mais cela réveille également des émotions dans ce couple où, en réalité, chacun exprime ses émotions de manière très subtile. L’environnement dans lequel ils évoluent est très instable, ce qui permet à leurs émotions de se comporter comme le contenu d’une bouteille de soda : de l’extérieur, tout paraît calme, mais quand vous secouez et que vous ouvrez la bouteille, tout part d’un coup.” 

Mettre en scène la fin du monde 

“On a utilisé une caméra portée pour la quasi-totalité du film, en plan serré surtout, afin que les spectateurs puissent voir la situation de près, et même qu’ils se joignent à leur conversation, comme s’ils marchaient avec eux cette nuit-là. On revient donc rarement à un point de vue panoramique, plus calme et objectif. Puisque l’histoire se déroule pendant cette toute dernière nuit, il y a probablement peu de gens dans les rues, ils se cachent sans doute chez eux, donc on ne voit personne ni aucune voiture ; les personnages évoluent donc dans un « espace ouvert-fermé ». Ceci permet aux deux protagonistes de se sentir proches l’un de l’autre.”   

À la Semaine de la Critique