Le pari de la jeunesse

par Philippe Rouyer

Le moment tant attendu est arrivé ! 

Sur le bel écran du Miramar, dans les conditions optimales de projection de notre salle, label excellence de la CST, nous allons découvrir les films qui constituent cette soixante-deuxième Semaine de la Critique. Quels seront les nouveaux talents qui vont éclore cette année sur la Croisette ? Notre déléguée générale Ava Cahen et ses comités ont choisi 11 longs métrages et 13 courts, tous premiers ou deuxièmes films, comme autant de paris sur un art en devenir.

Un art qui a su résister à l’offensive des plateformes pour inciter progressivement les spectateurs à retrouver le chemin des cinémas après le confinement. Un art qui sait se renouveler par sa jeunesse. Celle de ses créateurs mais aussi de ses spectateurs, clés de la belle fréquentation des films qui nous tiennent à cœur. Ainsi, pour s’en tenir à deux titres de notre précédente édition, les records d’entrées d’About Kim Sohee et d’Aftersun doivent beaucoup à toute une génération qui a su se les approprier et partager ses coups de cœur sur les réseaux sociaux. Une belle manière de prolonger le travail de défrichage de la critique de cinéma avec la version 2.0 du bouche-à-oreille.

Rien ne me fait plus plaisir que voir la jeunesse communier autour de nos films des deux côtés de l’écran. La jeunesse de la création, c’est l’ADN de la Semaine de la critique qu’on brandit chaque année comme un mantra. Sur la Croisette bien sûr, puis dans tous les lieux où est reprise notre sélection (en Corse, à Marseille puis Paris à la Cinémathèque française, mais aussi au Mexique et en Martinique !). Mais aussi, au mois de décembre, quand nous accueillons à l’atelier « Next Step » un panel de jeunes cinéastes du monde entier, qui ont fait leurs premiers pas à la Semaine avec leur court métrage, et qui se retrouvent avec des professionnels pour travailler leur projet de premier long métrage. L’atelier, qui fête ses 10 ans en 2023, porte ses fruits et les films se font : certains seront d’ailleurs présentés à Cannes cette année.

Quant aux jeunes spectateurs, ils restent au cœur des préoccupations du Syndicat Français de la Critique de Cinéma. Avec l’attribution chaque année d’un Prix de la jeune critique pour mettre en lumière le travail d’un jeune confrère qui en est encore à ses débuts. Et plus largement, grâce à tout un travail sur l’éducation à l’image qui, du collège aux études post-bac, contribue à forger la sensibilité des spectateurs de demain. Car le cinéma comme tout art majeur doit passer par une initiation pour accéder à ses plus subtiles beautés. Et le SFCC est fier d’encadrer ces formations toute l’année, en Île-de-France comme en Région Sud. Avec l’infinie richesse des films de la Semaine comme réservoir d’images et de sons à analyser et célébrer.

 

Philippe Rouyer

Président du Syndicat Français

 de la Critique de Cinéma et des Films de Télévision