Qui êtes-vous Antonio Piazza et Fabio Grassadonia?
Nous sommes des scénaristes. Nous n’avons d’ailleurs pas particulièrement étudié le cinéma, mais la littérature et le storytelling. Salvo est notre premier long métrage, après des années à travailler pour des sociétés de productions italiennes. Aujourd’hui encore, nous nous considérons avant tout comme des scénaristes, avec la conviction que le succès d’un film dépend en premier lieu de son scénario.

Vous avez travaillé avec Daniele Ciprì, l’un des meilleurs chefs opérateurs italiens. Quelles étaient ses intentions en terme d’atmosphère ?
Daniele Ciprì n’est pas seulement un chef opérateur incroyable et généreux, c’est aussi un palermitain, comme nous, qui a toujours évité dans ses films les clichés sur la ville. Nous avions la même envie de jouer avec les genres du cinéma, pas seulement en termes d’histoire, mais également en termes de représentations formelles. Le film noir, pour commencer (la mise en scène de la maison de Rita comme une « maison des ombres » est une référence intentionnelle au genre et Daniele Ciprì est le maître italien du clair-obscur) ; l’histoire d’amour ensuite ; la comédie noire, introduite par le couple chargé par la mafia de prendre soin de son homme de main. Ce sont des gens modestes, coincés dans un petit monde assez grotesque, qui se comportent à la fois en nourrices et en geôliers. Enfin, les paysages épiques et déserts de la Sicile intérieure nous ont permis de jouer avec les décors et motifs de western spaghetti.

Salvo pourrait être un lointain cousin du Samouraï de Melville. S’agit-il d’une filiation consciente?
Oui. Melville est l’un de nos réalisateurs préférés et nous avions Le Samouraï en tête quand nous réfléchissions au personnage de Salvo. Dans la toute dernière scène, on voit Salvo chez lui, un ancien garde-manger reconverti en chambre de fortune. C’est un hommage à la première scène du Samouraï.