« En m’intéressant aux travaux de Charcot sur l'hystérie, j’ai été fascinée par l’hôpital de la Salpetrière, cette cité des femmes qui fonctionne sous l’autorité d’hommes, où des médecins en costume trois pièces, regardent des femmes à moitié nues. C’est cette rencontre du médical et de l’érotique, cette sensualité latente prête à exploser, qui est au coeur du film. Avec en toile en fond tout l’appareillage médical ou encore la mise en scène des Leçons du Professeur Charcot où les bourgeois viennent se rincer l’oeil comme dans un peep-show. Je voulais filmer ce regard d’entomologiste sur des femmes qui se débattent comme des papillons pris dans la lumière. L’érotisme crû d’une situation de voyeurisme sous couvert d’un alibi médical. J’ai voulu rendre l’étrangeté de cette atmosphère en me rapprochant des codes du cinéma fantastique.   

Le film s’inspire de l’histoire de la vraie Augustine, la malade vedette de Charcot, la star de ses Leçons, qui un soir de 1885 s’enfuit de la Salpetrière déguisée en homme. Il se concentre sur le rapport trouble entre ces deux personnages que tout oppose, qui s’attirent et se fascinent mutuellement. Augustine produit des symptômes pour que Charcot la regarde et qu’il l’aime. L’histoire du film est celle d’un complet retournement du rapport de force entre eux, le médecin face à sa malade, l’homme mûr face à la très jeune fille, le grand bourgeois face à une fille du peuple.

Si Augustine ne peut pas se révolter, son corps a décidé de le faire pour elle.  Sa maladie est une forme de rage et de rébellion contre l’ordre établi. Ce que qualifie l’hystérie c’est une certaine révolte des femmes qui me semble toujours d’actualité. »