À propos de Tiger Stripes

par Olivier Pélisson

Tiger Stripes, c’est le récit d’une métamorphose adolescente et d’une émancipation réjouissante.
Un portrait comme on en voit peu, entre règles scolaires, quotidien familial et profondeur de la jungle. Combinant pensée magique et cinéma de genre, la réalisatrice pulvérise les injonctions sociétales. Elle célèbre une féminité juvénile triomphante. Ce premier long-métrage audacieux, girly et mordant, kawaï et trash, est un réenchantement pour le cinéma de Malaisie et d’Asie du Sud-Est.

Entretien avec Amanda Nell Eu

« J’ai eu l’idée du film en pensant à ces changements physiques que nous traversons tous, cette période de transition poignante de l’enfant à l’adulte que nous appelons la puberté. J’ai détesté l’expérience, et je me souviens avoir découvert des choses sur mon corps, en souhaitant si fort qu’elles disparaissent. En plus de cela, je n’aimais pas quand les gens soulignaient ces changements et parlaient ouvertement de mon corps. Je me sentais mal à l’aise, peu sûre de moi, et parfois même monstrueuse.


Je pense que nous avons encore des problèmes avec l’égalité des sexes en Malaisie, sur le plan politique et social. Mais, bien que cette histoire se déroule dans mon pays, il y a toujours un énorme problème universel en ce qui concerne les opinions sociales sur les femmes.


L’horreur a été l’introduction à ma passion pour le cinéma. J’aime énormément le genre car cela me permet d’être ludique et d’exprimer mon côté humoristique. Je suis également fascinée par la croyance dans le surnaturel dans les cultures d’Asie du Sud-Est. Ces contes oraux sont profondément ancrés dans notre société.


Nous avons eu un long processus de casting, et rencontré plus de deux-cents filles, pendant toute la période de la pandémie. Comme nous ne pouvions pas visiter les écoles pour organiser des auditions, nous avons trouvé des filles via Tiktok et Instagram. Zafreen Zairizal, qui joue le rôle de Zaffan, est la première candidate que nous avons rencontrée, et je n’ai jamais pu l’oublier. Dès le premier jour, j’ai su qu’elle avait ce feu à l’intérieur qui était prêt à être déclenché. »



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