À propos de Sleep

par Damien Leblanc

Un jeune couple voit son existence bouleversée quand le mari devient somnambule et se transforme en personne dangereuse à la nuit tombée. Effrayée à l’idée qu'il fasse du mal à leur nouveau-né, l’épouse tente alors de prendre la situation en main. Empoignant le genre de la comédie horrifique coréenne, Jason Yu signe avec son premier long métrage un palpitant huis-clos où l’inquiétude nichée au cœur de la parentalité prend des proportions dantesques.

Entretien avec Jason Yu

« Je crois qu’on est tous tombés sur une ou deux histoires sordides de somnambulisme, que ce soit quelqu’un qui saute d’un balcon, qui conduit une voiture, ou qui blesse un membre de la famille dans son sommeil. Je me souviens être tombé sur des articles relatant ces histoires et être choqué. J’ai commencé à m’imaginer la vie de ces gens. J’étais curieux d’en savoir plus sur leur quotidien et, surtout, quel effet cela avait eu sur leurs proches. Comment vivent-ils au quotidien avec cette peur imminente que quelque chose d’horrible puisse se passer dans leur sommeil. L’idée de mettre cet obstacle dans une histoire à propos de deux personnes qui s’aiment tendrement m’a intrigué. 

A l’écriture du scénario, mon but était tout d’abord de créer un film amusant, donc je n’avais pas de thème particulier en tête. Une fois que le scénario était fini, je me suis rendu compte que certains sujets personnels s’étaient immiscés dans l’histoire et que j’avais écrit un film sur le mariage. Dans les films que j’ai vus sur des couples mariés, le conflit principal vient généralement de l’un et de l’autre. Mais puisque j’étais sur le point de me marier, je ne voulais pas aborder le mariage de cette façon. Je voulais montrer un couple qui se soutiennent l’un l’autre, et montrer comment ils pouvaient, ensemble, surmonter ce problème de somnambulisme. 

L’humour vient de l’absurdité de la situation dans laquelle se retrouvent les personnages, et de leurs réactions réalistes. Je ne pense pas qu’il y ait jamais eu de scènes intentionnellement comiques, ni de dialogues amusants. En ce sens, les comédiens n’ont pas eu à changer de ton de jeu, et le chef opérateur n’a pas eu à changer l’esthétique du film pour rendre certains passages plus drôles. Ceci étant dit, l’ambiance anxiogène du film a été quelque chose de compliqué à créer pour notre chef opérateur. Le principe sur lequel on a basé notre image, c’est de toujours suivre le point de vue du protagoniste. Ainsi, le public serait toujours enfermé dans la psychologie du personnage. On s’est donc mis d’accord que la caméra devrait aussi être soumise aux limites physiques des personnages. On a donc évité les prises de vues sophistiquées qui, si elles peuvent intensifier l’horreur, elles auraient distancé le public des personnages. »

À la Semaine de la Critique