À propos de Radikals

par Esther Brejon

Un film qui porte bien son nom ! Radikals est une proposition incongrue, qui mêle danse traditionnelle et vie du poulailler, et nous fait plonger dans un univers loufoque et captivant. Dans ce film au charme fou, oscillant entre plusieurs genres et plein de ruptures de ton, Arvin Belarmino met en scène une chorégraphie des corps qui raconte aussi bien le fonctionnement du groupe que le rapport de l’individu au collectif.

Entretien avec Arvin Belarmino 

Comment avez-vous eu l’idée de faire ce film sur cette danse des Philippines, le Bakte ?

Le Bakte n’est pas une danse populaire aux Philippines, c’est une danse qui vient d’une région du sud dans laquelle j’ai grandi. Selon les anciens, cette danse remonte à l’ère pré-hispanique, mais elle est encore pratiquée aujourd'hui par la nouvelle génération de danseurs. Elle représente pour eux un moyen de s’exprimer après une longue journée de travail, la manière dont ils bougent les pieds et les mains rappelle leurs gestes de travail, comment ils plantent le riz etc. Cette culture qui leur est propre, la manière qu’ils ont de se libérer à travers cette danse et leur façon d’apprécier la vie, m’ont beaucoup inspiré pour raconter cette histoire.

Votre film oscille entre plusieurs genres. Pourquoi ce choix ?

Pour moi, la danse du Bakte est magique, donc je n’avais pas envie de la raconter de manière conventionnelle. J’ai voulu essayer quelque chose de nouveau, par rapport à mes films précédents, qui sont plus réalistes. C’est la première fois que je fais quelque chose d’aussi différent et libre, j’ai eu l’impression d’être l’un des danseurs, et comme eux qui ont cassé les codes de la danse traditionnelle, j’ai rompu avec mes propres règles de mise en scène.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur le choix des comédiens du film ? Sont-ils de vrais danseurs du Bakte ?

Comme je voulais que mon film soit le plus vrai et sincère possible, je suis allé chercher de vrais danseurs de Bakte. Ils étaient excités parce que c’était la première fois qu’on faisait un film de fiction sur eux. Les personnages du film sont joués par de vrais acteurs, ils ont donné des cours d’acting aux danseurs, et en retour les danseurs leur ont appris à danser le Bakte ! C’est aussi ça la beauté du cinéma pour moi, c’est une exploration infinie pour moi.

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