Votre premier long-métrage Les Apaches se situait déjà en Corse. Quel est votre rapport avec cette île ?
Je suis né en 1970 à Ajaccio où j’ai grandi. Raconter mon adolescence a toujours été compliqué.  Comment raccrocher le spécifique, caractérisé notamment par l’augmentation de la violence sur l’île vers la fin des années 90, au plus général, à savoir la vie d’un jeune adulte « normal » qui écoute les Cure, découvre les films de Pialat. Avec Une vie violente, je voulais montrer cette pluralité, l’aspect irréductible du contexte, de l’époque, des lieux.

Comment s’est construit votre récit ?
La trame principale s’inspire de la trajectoire de Nicolas Montigny, qui, comme mon héros Stéphane, vient de la bourgeoisie et bascule dans la petite et la grosse délinquance avant d’épouser un mouvement politique radical. Il y a également beaucoup de mes propres souvenirs.  Enfin, les comédiens ont apporté leur contribution. Le casting du film s’est déroulé en Corse pendant un an, sous forme d’atelier où chacun venait jouer à partir d’une séquence précise ou improvisait des situations.

Comment filme-t-on cette violence ? La séquence d’exécution au début, tournée en un seul plan, est, par exemple, très frappante.
Il fallait très tôt inscrire dans la conscience du spectateur cette violence. Qu’elle le hante. Mais cette violence est bien-sûr mise en question. Ainsi, au début du film on passe d’une séquence plutôt douce d’un jeune homme à Paris. On ne sait pas encore qui il est. Puis survient la séquence dont vous parlez, très primitive. Quel lien entre ces deux séquences ? Le passé rejoint alors le présent, comme une réminiscence. Le choix du plan séquence permet au spectateur d’épouser complétement le rythme du film. Dans le cadre, l’action peut venir de n’importe où, la tension est permanente.